Les inondations en Afrique font planer la menace du choléra
Les inondations qui ont fait 250 morts et 650.000 sans-abris dans 18 pays africains font désormais planer la menace du choléra, a averti vendredi la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, appelant à une mobilisation massive en faveur des populations.
Des nouvelles précipitations attendues dans les prochaines semaines du golfe de Guinée aux rivages de l'océan Indien pourraient encore aggraver la crise, a en outre prévenu la Croix-Rouge.
Selon un expert de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), Omar Baddour, ces inondations sont probablement la conséquence du phénomène climatique "La Nina" de refroidissement des eaux de l'océan Pacifique.
En Ouganda, un des pays les plus touchés où les inondations ont fait au moins 18 morts, des cas de paludisme aigu ont été déclarés et la Croix-Rouge craint désormais une épidémie de choléra.
Dans ce pays, 500.000 personnes ont été affectées d'une manière ou d'une autre par les intempéries, dont 290.000 déplacées par des inondations et des glissements de terrain.
Le gouvernement de Kampala a déjà décrété l'état d'urgence dans plusieurs régions du pays. Vendredi, les organisations humanitaires ont lancé un appel à une aide d'urgence de 43 millions de dollars (30,7 millions d'euros) pour 300.000 sinistrés.
Comme dans d'autres pays du continent, habitations et infrastructures routières ont subi d'importants dégâts, ainsi que les cultures.
La destruction des cultures peut avoir des conséquences dramatiques dans des "régions déjà très vulnérables dans lesquelles la majorité des foyers dépendent d'une agriculture de subsistance", a souligné le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).
Avec les inondations, aucune récolte n'est attendue dans ces régions ougandaises avant février 2008, selon l'OCHA: "si de fortes pluies continuent de tomber dans les zones les plus touchées, les récoltes seront encore retardées".
Dans ce contexte, une simple aide d'urgence ne sera pas suffisante, a estimé de son côté la Fédération de la Croix-Rouge, qui réclame une solidarité internationale forte et à long terme.
Le coordonnateur des opérations pour l'Afrique de la Fédération, Niels Scott, a appelé à fournir des moyens d'urgence tels que des abris ou de l'eau potable, mais aussi à financer des mesures de prévention, comme l'aménagement des puits et de meilleurs systèmes de communication.
Au Togo, où au moins 25 personnes sont décédées, une centaine ont été blessées et plus de 3.000 familles sont sans-abri, la région de la savane est particulièrement vulnérable.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) et la Croix-Rouge ont commencé à distribuer des vivres et des matériaux dans le nord du pays pour construire des abris à 11.000 habitants.
Au Ghana, autre pays sévèrement touché, les agences humanitaires ont lancé un appel de fonds de 1,5 million d'euros.
Au moins 1,5 million de personnes sont affectées par les inondations en Afrique, les pires depuis des dizaines d'années, a estimé mercredi le PAM, en relevant que le nombre de sinistrés pourrait être plus élevé, du fait du peu d'informations remontant de zones inaccessibles.
"On a trouvé une relation très étroites entre La Nina et le phénomène d'inondations en Afrique de l'ouest", a expliqué à la presse Omar Baddour.
La Nina, qui dure généralement de neuf à douze mois, cause habituellement de fortes pluies en Indonésie, Malaisie et Australie, des sécheresses en Amérique du Sud, des tempêtes dans l'Atlantique tropical, des vagues de froid en Amérique du Nord et un temps pluvieux en Afrique.