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Analyse économique d'un programme d'action contre la crépidule

Mise à jour le 25/03/2008
Par lesaint
Résumé d'un article de Marjolaine Frésard et Jean Boncoeur analysant l'impact économique d'un programme de contrôle de l'extension de la crépidule en rade de Brest.

« Cost-benefit analysis of a project concerning the management of an invasive species in a coastal fishery : the case of crepidula fornicata in the bay of Brest (France) »

Article de Marjolaine Frésard et Jean Boncoeur (CEDEM) IIFET 2004 Japan Proceedings


Après avoir noté que « la valeur des espèces dans un écosystème découle de la valeur des biens et services qu'elles procurent », Jean Boncoeur et Marjolaine Frésard cherchent à répondre à la question suivante : un programme de contrôle de l'invasion de crépidule en rade de Brest (espèce en compétition pour l'espace avec la coquilles Saint-Jacques) est-il économiquement justifié ?

 


 

JB et MF expliquent tout d'abord sur quoi se fonde le principe d'une action publique dans le cas étudié. La crépidule est source d'externalités négatives et le programme de contrôle de cette espèce revêt un caractère de bien public :

 

« L'invasion biologique constitue un problème économique. Une espèce invasive étrangère engendre des effets externes par rapport au marché parce que les coûts induits ne sont pas supportés par les activités qui provoquent l'invasion. De plus, les régimes de propriété publique des systèmes aquatiques requièrent une action collective : dans la mesure où il ne peut pas être exclu de l'accès aux ressources communes, chaque acteur est fortement incité à se reposer sur les efforts des autres, ce qui peut conduire à un niveau de contrôle inférieur à ce qui serait souhaitable. Ainsi, le contrôle des invasions biologiques possède la nature d'un bien public et relève de la politique publique. »

 


 

Ils présentent ensuite la méthode qu'ils vont utiliser pour déterminer si le programme de contrôle de la crépidule est économiquement justifié :

 

« L'analyse coûts-bénéfices est une méthode classique d'évaluation de différentes options de gestion. (...) Dans le cas d'une espèce invasive, un programme de contrôle est économiquement justifié si la valeur actualisée des bénéfices attendus du programme est au moins égale à la valeur actualisée des coûts de contrôle. »

 


 

Dans le cas étudié, il faut commencer par déterminer la valeur V1 du programme de reconstitution des stocks de coquille saint-jacques mis en oeuvre par les pêcheurs en rade de Brest (sans invasion). Ensuite, il faut estimer la valeur V2 de ce programme compte tenu de l'invasion de crépidule, en l'absence de toute action de contrôle de cette invasion. Enfin, il faut estimer la valeur V3 du programme de reconstitution compte tenu de l'invasion mais avec mise en place d'un programme de contrôle de l'invasion.

 

On en déduit le rendement du programme de contrôle ( V3 - V2 ).

 

La différence (V2 - V1 ) représente la perte de valeur que subit le programme de reconstitution du fait de l'invasion (en l'absence de programme de contrôle).

 

La différence ( V3 - V1 ) représente la perte due à l'espèce invasive non compensée par le programme de contrôle.

 


 

Les résultats de la simulation sont les suivants (en K€) :

 


 

V1

V2

V3

V3-V2

V2-V1

V3-V1

11414

478

7546

7067

-10935

-3868

 


 

Les conclusions de l'étude sont les suivantes :

 

« Les résultats (...) indiquent que le rendement social du programme serait positif, i.e. qu'il réduirait de manière substantielle le coût social de l'invasion. De plus, le programme favoriserait le maintien à long terme de la « soutenabilité » de la pêche. Cependant, au vu des tests réalisés, le rendement du programme de contrôle est sensible au prix de l'espèce ciblée et plus encore à l'hypothèse faite quant au niveau des prises à long terme. Tout d'abord, indépendamment du processus d'invasion, la performance technique de l'élevage des coquilles en rade de Brest n'est pas encore stabilisée. De plus, on suspecte qu'une décroissance artificielle du stock de crépidule dans la rade pourrait affecter l'écosystème avec de possibles répercussions négatives sur la coquille. » (...)