Le littoral, des territoires menacés
Introduction1. Les zones littorales, des zones à forts enjeux
2. Un état des lieux préoccupant
3. Des causes de dégradation du littoral
4. Les risques côtiers
5. Mesures de protection |
Des fichier .kmz pour visualiser des données
Introduction | Données visualisables dans le fichier kmz | ||||||||||||||||||||||||||
Le littoral se définit comme la partie côtière située dans la zone de battement des marées, et plus généralement constitue une bande de terrains situés à moins de 500 mètres du rivage. En France métropolitaine, il couvre 4% du territoire. Ce sont des zones très peuplées quels que soient les continents car ce sont des régions très attractives, avec de nombreuses ressources (économiques, touristiques, environnementales). Elles subissent donc des pressions diverses. Parallèlement, ces régions sont soumises à des dégradations naturelles ou non, qui en font des espaces fragiles et vulnérables. L'Union Européenne présente des côtes très étendues, d'une distance totale de 95 000km linéaire. La France est le pays qui en compte le plus, avec 5.500 km au sein de la métropole et 8.200 km avec les DOM. L'enjeu actuel est donc de mettre en place des moyens pour réussir à entretenir et préserver ces zones. |
|||||||||||||||||||||||||||
1. Les zones littorales, des zones à forts enjeux |
|||||||||||||||||||||||||||
Les zones littorales sont des zones soumises à des fortes pressions démographiques : L’UICN (Union mondiale pour la nature) estime que plus de 60 % de la population mondiale vit dans la grande zone côtière, c’est-à-dire que 3,5 milliards de personnes sont installées à moins de 150 kilomètres du rivage. En France, les communes littorales hébergent près de 8 millions de résidents : 6,2 millions dans les communes littorales métropolitaines et 1,6 million dans les communes littorales des départements d’outre-mer. Pour la métropole, la densité de population est de 285 hab./km2, soit 2,5 fois supérieure à la moyenne et ce territoire est à près de 25 % artificialisé (zones urbanisées, industrielles ou commerciales, routes, ports, aéroports, espaces verts artificiels non agricoles), contre moins de 5 % pour l’ensemble du territoire métropolitain. La consommation de l’espace sur le littoral se poursuit : la surface artificialisée entre 2000 et 2006 a augmenté de 2.600 hectares. Entre 1999 et 2006, près d’un tiers de la croissance démographique des départements littoraux s’est portée sur les communes littorales. Si cette proportion se poursuivait, la population des communes littorales pourrait atteindre plus de 9 millions d’habitants en 2040. Cette tendance est mondiale : en Floride, la population littorale, de 500.000 personnes en 1900 s'élève à plus de 9 millions dans les années 2000. De même, en Italie, la croissance démographique des 30 dernières années n'a bénéficié qu'aux rivages. En Afrique comme en Amérique du Sud, les grandes métropoles sont en bordure de mer. En dehors de cette forte pression démographique, les zones côtières sont généralement des régions à forte activité économique. C'est avant tout des zones touristiques ce qui implique la construction de nouvelles infrastructures spécifiques. Mais l'activité économique comprend aussi des installations portuaires, des chantiers de construction navale, des fermes aquacoles et ostréicoles. De plus, la pression environnementale est également très forte. Elle est engendrée par l'activité économique, les constructions, les hydrocarbures (déballastages effectués en mer) et les rejets des zones urbaines ou industrielles. D'autre part, ce sont les premiers territoires soumis à des phénomènes météorologiques violents (exemple : la tempête Xynthia, Février 2010).
|
Répartition de la population mondiale Géolocalisation des installation portuaires |
||||||||||||||||||||||||||
► Les zones littorales sont donc des territoires soumis à de fortes pressions (démographiques, économiques, environnementales), elles sont attractives mais aussi très fragiles. Les enjeux sont donc considérables et, comme nous allons le voir, l'état des lieux est préoccupant. |
|||||||||||||||||||||||||||
2. Un état des lieux préoccupanT |
|||||||||||||||||||||||||||
L'état des lieux est assez inquiétant. La puissance de l'érosion, combinée à la montée des eaux, fait reculer les dunes, érode les falaises, engendre éboulements et submersion marine. Au moins 22 % des côtes reculent, de 10 cm jusqu’à 8 m par an en moyenne. En France, 142 communes enregistrent un retrait de 50 cm par an, et dix-neuf de plus de 3 m. Selon les services du ministère de l’Environnement, le remodelage du littoral correspond à la disparition de 3.100 terrains de rugby en un demi-siècle, de 1949 à 2005, soit 26 km2. Autrefois, les hommes ne s'installaient pas ou peu sur les côtes sableuses (ils en connaissaient la mobilité) mais l'urbanisation du littoral, depuis 150 ans, a changé la donne.
Notion de "trait de côte" : Le SHOM (Service hydrographique et océanographique de la Marine) définit le trait de côte comme le niveau des plus hautes mers dans le cas d’une marée de coefficient 120 et dans des conditions météorologiques normales : pas de vent du large, pas de dépression atmosphérique. Néanmoins, dans le cadre des travaux de l’OCA (Observatoire Côte Aquitaine), une définition plus pratique du trait de côte est adoptée, répondant à des critères géomorphologiques permettant de faciliter sa cartographie en Aquitaine. Pour la côte sableuse : séparation entre la dune et la plage correspondant, selon la configuration géomorphologique, à un ou plusieurs indicateurs (le pied de falaise dunaire, la rupture de pente topographique, la limite de végétation dunaire, un ouvrage de protection longitudinal). Pour la côte rocheuse : séparation entre la falaise et l’estran correspondant, selon la configuration géomorphologique, à un indicateur tel que le sommet ou le pied de la falaise rocheuse, un ouvrage de protection longitudinal ou les mêmes indicateurs que pour une côte sableuse.
Constat : en métropole et dans les DROM (hors Guyane) :.
|
(Côtes françaises) |
||||||||||||||||||||||||||
3. Des causes de dégradation du littoral |
|||||||||||||||||||||||||||
1. Des causes naturelles♦ Les mécanismes naturels de l'érosion du littoral sont essentiellement liés à la houle et aux courants qu'elle provoque. Ces courants entraînent avec eux les sédiments, de manière plus ou moins importante suivant leur vitesse et l’étendue de leur action. La dérive littorale est un mode de transport prédominant sur les plages. Elle contrôle leur morphologie et détermine en grande partie l’érosion (falaise d'érosion dunaire), l’accrétion (avancée dunaire) ou la stabilité de la côte. ♦ De plus, le vent déclenche la houle, les vagues et le clapot, et est également un agent de transport des sédiments : c'est le facteur des échanges aériens de sédiments entre la plage et la dune. ♦ L'effet de ces agents d'érosion va être différent selon que le littoral est sableux ou rocheux :
♦ De plus, l'enchaînement de violentes tempêtes accentue l'érosion du littoral comme celle de l'hiver 2013-2014 qui a provoqué le recul du trait de côte de plus de 20 mètres en deux mois, menaçant l'effondrement de l'immeuble "Le Signal" construit à Soulac-sur-Mer (33) en 1967 à 200 mètres de la mer.
2. Une origine anthropiqueOutre les facteurs naturels, les activités humaines influencent l'évolution du littoral et peuvent provoquer l'apparition ou l'aggravation de phénomènes d'érosion. Aujourd'hui, un réchauffement climatique général est observé à l'échelle mondiale. Les océans se dilatent, tandis que les glaciers de montagnes et les calottes polaires fondent. Depuis le XIXème siècle, le niveau moyen de la mer s'est élevé d'environ 20 cm à l'échelle du globe et le GIEC prévoit une hausse de près d'un mètre en moyenne à l'horizon 2100. Cette élévation entraînera inévitablement des submersions marines plus fréquentes et plus intenses lors des tempêtes au cours des prochaines décennies. L'élévation favorisera également le recul du trait de côte, notamment des plages sableuses. Cependant, ce n'est pas si simple comme le dit Virginie Duvat-Magnan, du laboratoire Littoral, Environnement et Sociétés, à La Rochelle « Il n’y a pas de lien de causalité systématique entre la hausse du niveau marin et le recul du trait de côte », car celui-ci, dépend également des apports sédimentaires, de la tectonique qui peut aussi bien accentuer que réduire l’élévation du niveau marin, et de bien d’autres facteurs. « Dans certains cas, comme cela a été démontré à Funafuti (Tuvalu), Taveuni (Fiji) ou Tubuai (Polynésie française), les cyclones apportent des sédiments à la côte. D’où un maintien du trait de côte, alors même que la mer monte ». De plus, comme on l'a vu, les zones littorales sont très attractives et accueillent une densité de population importante : on observe donc une urbanisation forte (des habitations, des routes, des parkings en bordure de mer) et des touristes ; le tout perturbant les écosystèmes littoraux.
|
|||||||||||||||||||||||||||
4. LES RISQUES COTIERS |
|||||||||||||||||||||||||||
Un risque naturel se définit comme le croisement entre un aléa et des enjeux. Un aléa est la manifestation d’un phénomène d’origine naturel susceptible de produire des dommages se caractérisant par une occurrence, une intensité, une emprise spatiale et une durée, tandis que les enjeux sont l’ensemble des personnes et des biens susceptibles d’être affectés par l’aléa. Un aléa naturel comme l’érosion côtière, la submersion marine ou l’avancée dunaire ne devient un risque que si des enjeux sont présents. Crédit : Graphies / MEDD - DPPR Ces risques côtiers ont été particulièrement bien étudiés pour la côte aquitaine, notamment celui du risque de submersion marine. Les submersions marines sont des inondations temporaires de la zone côtière par la mer lors de conditions météorologiques et océaniques défavorables (basses pressions atmosphériques et fort vent d’afflux agissant, pour les mers à marée, lors d’une pleine mer) ; elles peuvent durer de quelques heures à quelques jours. Elles sont le plus souvent associées à des surélévations temporaires du niveau de la mer lors de tempêtes ou de cyclones, voire de tsunamis. Il s'agit donc d'un phénomène naturel qui se produit selon 3 modes :
Elle est souvent temporaire lors de tempêtes (lors de Xynthia, certains territoires sont restés inondés plus de 15 jours) mais parfois définitive si la topographie est modifiée par surélévation du niveau moyen de la mer ou par l’affaissement de terrains en bordure littorale. Dans ce cas, elle se traduit par un recul du trait de côte. En Aquitaine, la submersion concerne essentiellement les zones basses estuariennes (certains secteurs de l’Adour, de la Gironde, des courants landais…) et lagunaires (pourtour du Bassin d’Arcachon…) ainsi que certaines plages du Pays basque (Grande Plage de Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye…). Une plaquette d'information sur les risques côtiers en Aquitaine |
|||||||||||||||||||||||||||
5. Des mesures de protection |
|||||||||||||||||||||||||||
Les réflexions stratégiques sur l'aménagement du littoral sont anciennes. Déjà, en 1969, une délégation interministérielle (DATAR) travaillait sur un rapport intitulé "La France côtière". En 1975, fut créé le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres et en 1986, le parlement français a voté à l'unanimité la loi Littoral, un ensemble de mesures relatives à la protection et à l'aménagement du littoral. Techniquement, deux grands type d'options peuvent être envisagées : - organiser le repli des constructions existantes vers l'intérieur des terres, mais ceci ne peut être envisagé que pour des zones à faibles enjeux, - maintenir le trait de côte actuel en réalisant des ouvrages de défense côtière de type digue ou "rechargement" des plages.
Comme le montre ce schéma, on distingue des solutions dites "douces" et d'autres "dures". Il existe deux solutions dites douces :
Les techniques dites "dures" sont des ouvrages de protection qui peuvent être de différents types :
|
Ouvrages de protection |
Un exemple d'activité pédagogique
Bibliographie :
- Éric PALVADEAU, Ywenn DE LA TORRE, « ÉROSION DU LITTORAL », EncyclopædiaUniversalis [en ligne], consulté le 11 novembre 2017. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/erosion-du-littoral/
-
Jean-Christophe VICTOR : Le dessous des cartes – Entre Terre et mers" - Cité des Sciences
-
Anne-Marie LEVRAUT - CarlosOLIVEROS : La politique publique française du littoral" – Revue Géosciences n°17 "Le Littoral" - BRGM
-
Le Monde "Le littoral français recule de manière accéléré" (Martine VALOT - 12 janvier 2017))
-
L'Express "Erosion des plages et du littoral : les hommes sont-ils responsables ?" (Août 2015)
-
Patricia BLANC : "Le littoral, un espace dynamique à protéger" - BRGM - Revue Géosciences n°17 "Le Littoral"
-
Jacques VARET : "Le littoral, un espace convoité et fragile" - BRGM - Revue Géosciences n°17 "Le Littoral"
-
Site Internet de "L'Observatoire Côte Aquitaine" : Les risques côtiers
-
Site du BRGM : Production scientifique / Projets remarquables : "Littoral, des drones pour surveiller le trait de côtes"
-
BRGM - Revue "Enjeux des Géosciences" : "Risques littoraux et changement climatique"
-
Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de la Mer : La Gestion des traits de côte – Collection Savoir-Faire – Editions Quae
-
Jean-Noël SALOMON : Géomorphologie sous- marine et littorale" – Jean-Noël SALOMON – Presses Universitaire de Bordeaux.