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Le littoral, des territoires menacés

Mise à jour le 23/02/2019
Par Nathalie Pajon-Perrault
Les littoraux sont des territoires particuliers qui sont actuellement menacés. Nous récapitulerons les enjeux, ferons un constat et envisagerons les causes de cette dégradation des littoraux. Un fichier kmz permettra de visualiser un certain nombre de données.

Introduction

1. Les zones littorales, des zones à forts enjeux

 

2. Un état des lieux préoccupant

 

3. Des causes de dégradation du littoral

 

4. Les risques côtiers

 

5. Mesures de protection

Des fichier .kmz pour visualiser des données 

Introduction Données visualisables dans le fichier kmz

   Le littoral se définit comme la partie côtière située dans la zone de battement des marées, et plus généralement constitue une bande de terrains situés à moins de 500 mètres du rivage. En France métropolitaine, il couvre 4% du territoire. Ce sont des zones très peuplées quels que soient les continents car ce sont des régions très attractives, avec de nombreuses ressources (économiques, touristiques, environnementales). Elles subissent donc des pressions diverses. Parallèlement, ces régions sont soumises à des dégradations naturelles ou non, qui en font des espaces fragiles et vulnérables.

L'Union Européenne présente des côtes très étendues, d'une distance totale de 95 000km linéaire. La France est le pays qui en compte le plus, avec 5.500 km au sein de la métropole et 8.200 km avec les DOM.

L'enjeu actuel est donc de mettre en place des moyens pour réussir à entretenir et préserver ces zones.

1. Les zones littorales, des zones à forts enjeux

Les zones littorales sont des zones soumises à des fortes pressions démographiques : L’UICN (Union mondiale pour la nature) estime que plus de 60 % de la population mondiale vit dans la grande zone côtière, c’est-à-dire que 3,5 milliards de personnes sont installées à moins de 150 kilomètres du rivage.

En France, les communes littorales hébergent près de 8 millions de résidents : 6,2 millions dans les communes littorales métropolitaines et 1,6 million dans les communes littorales des départements d’outre-mer. Pour la métropole, la densité de population est de 285 hab./km2, soit 2,5 fois supérieure à la moyenne et ce territoire est à près de 25 % artificialisé (zones urbanisées, industrielles ou commerciales, routes, ports, aéroports, espaces verts artificiels non agricoles), contre moins de 5 % pour l’ensemble du territoire métropolitain. La consommation de l’espace sur le littoral se poursuit : la surface artificialisée entre 2000 et 2006 a augmenté de 2.600 hectares. Entre 1999 et 2006, près d’un tiers de la croissance démographique des départements littoraux s’est portée sur les communes littorales. Si cette proportion se poursuivait, la population des communes littorales pourrait atteindre plus de 9 millions d’habitants en 2040. Cette tendance est mondiale : en Floride, la population littorale, de 500.000 personnes en 1900 s'élève à plus de 9 millions dans les années 2000. De même, en Italie, la croissance démographique des 30 dernières années n'a bénéficié qu'aux rivages. En Afrique comme en Amérique du Sud, les grandes métropoles sont en bordure de mer.

En dehors de cette forte pression démographique, les zones côtières sont généralement des régions à forte activité économique. C'est avant tout des zones touristiques ce qui implique la construction de nouvelles infrastructures spécifiques. Mais l'activité économique comprend aussi des installations portuaires, des chantiers de construction navale, des fermes aquacoles et ostréicoles.

De plus, la pression environnementale est également très forte. Elle est engendrée par l'activité économique, les constructions, les hydrocarbures (déballastages effectués en mer) et les rejets des zones urbaines ou industrielles. D'autre part, ce sont les premiers territoires soumis à des phénomènes météorologiques violents (exemple : la tempête Xynthia, Février 2010).

Cartographie intercative des territoires français qui permet d'afficher de nombreuses données :

- typologie de l'espace littoral (voir ci-contre)

- densité de population

- activité économique,...

 

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Le Littoral en France : Les chiffres-clés

20.000 km de côtes, deuxième espace maritime mondiale, derrière les Etats-Unis.

975 communes littorales : 885 en métropole (5.500 km de linéaire) et 90 en outre-mer (14.500 km de linéaire).

• En métropole, quelque 2.840 km du linéaire côtier sont artificialisés et impactés par des aménagements (digues, perrés, épis...).

Près d'un quart des côtes métropolitaines sont soumises à un phénomène d'érosion : 270 km de côtes présentent une vitesse moyenne de recul de plus de 50 cm/an.

700.000 hectares sont situés en zone basse (sous le niveau atteint par la mer lors de conditions extrêmes) dans les départements littoraux.

Enjeux humains, environnementaux, sociaux et économiques

• Les communes littorales représentent seulement 4 % du territoire métropolitain mais accueillent 1 français sur 8 (7,8 millions d'habitants en 2009, soit 2 millions de plus depuis 1960).

• La densité de population sur les côtes est 2,5 fois plus élevée que la moyenne hexagonale.

• Il est attendu 4,5 millions d'habitants supplémentaires sur le littoral d'ici 2040.

• Plus de 8 communes littorales sur 10 sont soumises aux risques naturels majeurs.

• Le littoral est la première destination touristiques : 50 % de l'économie maritime, près de 9 milliards d'euros de valeur ajoutée et 237.000 emplois.

• A moins de 500 mètres de la mer :

- près de 45 % des terres sont des espaces naturels et des surfaces en eau,

- 36,5 % du littoral est couvert par un espace protégé (ex : site Natura 2000)

100.000 hectares de mangroves dans les territoires ultramarins français, véritables remparts contre l'action de la mer (75 % de l'énergie d'une vague est dissipée lorsqu'elle traverse 200m de mangroves).

57.557 km² de récifs coralliens situés en France, soit près de 10 % des récifs mondiaux.

Un littoral français très diversifié

Il n'existe pas un littoral unique en France mais plusieurs littoraux composés de sables, de falaises, de marais, de mangroves ou bien des façades aménagés pour les activités balnéaires.

Types de côtes Métropole Outre-Mer
Côtes rocheuses et à falaises 44 % 41 %
Côtes d'accumulation (plages, dunes...) 39 % 29 %
Côtes artificialisées 17 % 12 %
Mangroves - 18 %

Des zones à forts enjeux

Répartition de la population mondiale

Géolocalisation des installation portuaires

Les zones littorales sont donc des territoires soumis à de fortes pressions (démographiques, économiques, environnementales), elles sont attractives mais aussi très fragiles. Les enjeux sont donc considérables et, comme nous allons le voir, l'état des lieux est préoccupant.

2. Un état des lieux préoccupanT

L'état des lieux est assez inquiétant. La puissance de l'érosion, combinée à la montée des eaux, fait reculer les dunes, érode les falaises, engendre éboulements et submersion marine. Au moins 22 % des côtes reculent, de 10 cm jusqu’à 8 m par an en moyenne. En France, 142 communes enregistrent un retrait de 50 cm par an, et dix-neuf de plus de 3 m. Selon les services du ministère de l’Environnement, le remodelage du littoral correspond à la disparition de 3.100 terrains de rugby en un demi-siècle, de 1949 à 2005, soit 26 km2. Autrefois, les hommes ne s'installaient pas ou peu sur les côtes sableuses (ils en connaissaient la mobilité) mais l'urbanisation du littoral, depuis 150 ans, a changé la donne.

 

La côte à Skipsea - Article DailyMail

La côte à Saly (Sénégal)  - Photo MJ Broussaud

Notion de "trait de côte" : Le SHOM (Service hydrographique et océanographique de la Marine) définit le trait de côte comme le niveau des plus hautes mers dans le cas d’une marée de coefficient 120 et dans des conditions météorologiques normales : pas de vent du large, pas de dépression atmosphérique. Néanmoins, dans le cadre des travaux de l’OCA (Observatoire Côte Aquitaine), une définition plus pratique du trait de côte est adoptée, répondant à des critères géomorphologiques permettant de faciliter sa cartographie en Aquitaine.

Pour la côte sableuse : séparation entre la dune et la plage correspondant, selon la configuration géomorphologique, à un ou plusieurs  indicateurs (le pied de falaise dunaire, la rupture de pente topographique, la limite de végétation dunaire, un ouvrage de protection longitudinal).

Pour la côte rocheuse : séparation entre la falaise et l’estran correspondant, selon la configuration géomorphologique, à un indicateur tel que le sommet ou le pied de la falaise rocheuse, un ouvrage de protection longitudinal ou les mêmes indicateurs que pour une côte sableuse.

  Définition du trait de côte

Indicateur national de l'érosion côtière : carte interactive

Observatoire Côte Aquitaine : carte interactive

Constat : en métropole et dans les DROM (hors Guyane) :.

  • Près de 20 % du trait de côte naturel est en recul (soit un équivalent linéaire de 920 km)
  • Les côtes basses sableuses évoluent plus : 37 % sont en recul, équivalent à un linéaire d’environ 700 km
  • environ 30 km² de terre ont disparu au niveau des secteurs en recul sur une période de 50 ans.

 

Source : Géolittoral

L'évolution du trait de côte est très marqué selon le type de côte :

Les côtes à falaises représentent à peu près la moitié des environnements naturels rencontrés. Leur évolution peut être ponctuellement brutale lors de glissements ou d’écroulements en masse, mais ces côtes présentent généralement une évolution très faible à l’échelle du front de falaise. Sur la période d’étude de l’indicateur national, leur évolution apparaît ainsi non perceptible sur 93 % des profils. Des reculs du trait de côte sont néanmoins observés sur 6 % de ces profils, notamment dans des secteurs de falaises composées de roches sédimentaires comme en Seine-Maritime et dans les Pyrénées-Atlantiques.

Les côtes basses sableuses représentent 41 % des environnements naturels. Elles présentent les taux d’évolutions les plus importants et les plus contrastés avec 37 % de valeurs en recul, 23 % en avancée et 40 % stables.

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Source : Géolittoral

Un  Bilan

. En métropole et dans les DROM (hors Guyane), la surface totale perdue au niveau des secteurs en recul est estimée à 30 km² en 50 ans entre 1960 et 2010. Cette superficie correspond globalement à la surface de la commune de La Rochelle ou encore à 4 200 terrains de football. Trois départements de métropole, avec chacun environ un peu plus de 5 km² de terres perdues en 50 ans, concentrent la moitié de la perte de surface totale : il s’agit de la Gironde (recul quasi-généralisé de la côte sableuse), de la Charente-Maritime (recul au sud-ouest de l’île d’Oléron et au niveau de la Tremblade) et des Bouches-du-Rhône (recul particulièrement marqué en Camargue).

Il existe toutefois des lieux où les terres avancent naturellement, notamment au niveau de certaines embouchures comme au sud de la baie de Somme.

À l’échelle de la métropole et des DROM (hors Guyane) la balance entre les gains et les pertes de terres est négative avec un bilan pour les espaces naturels estimé à - 6 km² entre 1960 et 2010.

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Source : Géolittoral

Les archipels coralliens (Maldives, Kiribati, etc...) présentent une configuration particulière et sont souvent qualifiés de territoires "les plus vulnérables au changement climatique". Ceci est particulièrement bien illustré par l'exemple des îles Kiribati, situées au coeur l'océan Pacifique.

Les archipels : exemple des îles Kiribati

 

Trait de côtes 1920 - 2014

(Côtes françaises)

3. Des causes de dégradation du littoral

1. Des causes naturelles

♦ Les mécanismes naturels de l'érosion du littoral sont essentiellement liés à la houle et aux courants qu'elle provoque. Ces courants entraînent avec eux les sédiments, de manière plus ou moins importante suivant leur vitesse et l’étendue de leur action. La dérive littorale est un mode de transport prédominant sur les plages. Elle contrôle leur morphologie et détermine en grande partie l’érosion (falaise d'érosion dunaire), l’accrétion (avancée dunaire) ou la stabilité de la côte.

♦ De plus, le vent déclenche la houle, les vagues et le clapot, et est également un agent de transport des sédiments : c'est le facteur des échanges aériens de sédiments entre la plage et la dune.

♦ L'effet de ces agents d'érosion va être différent selon que le littoral est sableux ou rocheux :

  • Pour les côtes rocheuses, les facteurs favorisant l’érosion sont principalement liés à la nature des roches et à leur structure. Ainsi, les roches telles que la craie, le grès, le tuf, sont mécaniquement peu résistantes et donc plus sensibles à l’érosion. Les roches dures (telles que le granite, le gneiss, le schiste), si elles sont parcourues de fractures ou bien si elles sont fortement altérées, sont également plus vulnérables que les roches saines et massives.
  • Pour le littoral sableux, il est normal que le trait de côte se déplace au gré des conditions météo-marines, en contradiction avec la volonté fréquente de l’homme de le fixer ou de s’installer au plus près de la côte. La ressource sédimentaire disponible est le paramètre essentiel pour assurer un fonctionnement de ces milieux. On considère que la pénurie sédimentaire, d’origine naturelle ou anthropique était le principal facteur de l’érosion des plages. De fait, l’homme est souvent intervenu consciemment ou inconsciemment sur cette ressource, soit en prélevant des sédiments (sables, galets), soit en contrariant leur déplacement naturel le long de la côte.
  • https://anabf.org/pierredangle/dossiers/littoral/la-mobilite-du-trait-de-cote

♦ De plus, l'enchaînement de violentes tempêtes accentue l'érosion du littoral comme celle de l'hiver 2013-2014 qui a provoqué le recul du trait de côte de plus de 20 mètres en deux mois, menaçant l'effondrement de l'immeuble "Le Signal" construit à Soulac-sur-Mer (33) en 1967 à 200 mètres de la mer.

Immeuble "Le Signal" - Soulac-sur-Mer (33)

  Anse de l'Aiguillon avant (à gauche) et après (à droite) la tempête Xynthia

2. Une origine anthropique

Outre les facteurs naturels, les activités humaines influencent l'évolution du littoral et peuvent provoquer l'apparition ou l'aggravation de phénomènes d'érosion. Aujourd'hui, un réchauffement climatique général est observé à l'échelle mondiale.  Les océans se dilatent, tandis que les glaciers de montagnes et les calottes polaires fondent. Depuis le XIXème siècle, le niveau moyen de la mer s'est élevé d'environ 20 cm à l'échelle du globe et le GIEC prévoit une hausse de près d'un mètre en moyenne à l'horizon 2100. Cette élévation entraînera inévitablement des submersions marines plus fréquentes et plus intenses lors des tempêtes au cours des prochaines décennies. L'élévation favorisera également le recul du trait de côte, notamment des plages sableuses. Cependant, ce n'est pas si simple comme le dit Virginie Duvat-Magnan, du laboratoire Littoral, Environnement et Sociétés, à La Rochelle « Il n’y a pas de lien de causalité systématique entre la hausse du niveau marin et le recul du trait de côte », car celui-ci, dépend également des apports sédimentaires, de la tectonique qui peut aussi bien accentuer que réduire l’élévation du niveau marin, et de bien d’autres facteurs. « Dans certains cas, comme cela a été démontré à Funafuti (Tuvalu), Taveuni (Fiji) ou Tubuai (Polynésie française), les cyclones apportent des sédiments à la côte. D’où un maintien du trait de côte, alors même que la mer monte ».

De plus, comme on l'a vu, les zones littorales sont très attractives et accueillent une densité de population importante : on observe donc une urbanisation forte (des habitations, des routes, des parkings en bordure de mer) et des touristes ; le tout perturbant les écosystèmes littoraux.

En bilan, on a établi quatre niveaux d'exposition à partir de la combinaison de neuf indicateurs de sensibilité (tels que l'élévation du niveau de la mer, l'instabilité du trait de côte, la sensibilité du substrat géologique à l'érosion) et de quatre indicateurs d'impact (tels que la densité de la population et la présence d'installations industrielles ou de zones à haute valeur écologique). Pour des raisons de lisibilité, les zones colorées correspondent aux régions administratives qui englobent les zones littorales concernées

 source : Eurosion

 

 

4. LES RISQUES COTIERS

Un risque naturel se définit comme le croisement entre un aléa et des enjeux. Un aléa est la manifestation d’un phénomène d’origine naturel susceptible de produire des dommages se caractérisant par une occurrence, une intensité, une emprise spatiale et une durée, tandis que les enjeux sont l’ensemble des personnes et des biens susceptibles d’être affectés par l’aléa. Un aléa naturel comme l’érosion côtière, la submersion marine ou l’avancée dunaire ne devient un risque que si des enjeux sont présents.

Crédit : Graphies / MEDD - DPPR

Ces risques côtiers ont été particulièrement bien étudiés pour la côte aquitaine, notamment celui du risque de submersion marine. Les submersions marines sont des inondations temporaires de la zone côtière par la mer lors de conditions météorologiques et océaniques défavorables (basses pressions atmosphériques et fort vent d’afflux agissant, pour les mers à marée, lors d’une pleine mer) ; elles peuvent durer de quelques heures à quelques jours. Elles sont le plus souvent associées à des surélévations temporaires du niveau de la mer lors de tempêtes ou de cyclones, voire de tsunamis.

Il s'agit donc d'un phénomène naturel qui se produit selon 3 modes :

  • par débordement : lorsque le niveau marin atteint est supérieur à la crête des ouvrages ou des cordons dunaires, 
  • par franchissement : lorsque des paquets de mer (projections de gerbes d’eau causées par le déferlement des vagues) se répandent de manière répétée en arrière des ouvrages ou des cordons dunaires
  • par rupture d’un ouvrage côtier ou d’une défense naturelle faisant office de digue 

Elle est souvent temporaire lors de tempêtes (lors de Xynthia, certains territoires sont restés inondés plus de 15 jours) mais parfois définitive si la topographie est modifiée par surélévation du niveau moyen de la mer ou par l’affaissement de terrains en bordure littorale. Dans ce cas, elle se traduit par un recul du trait de côte.

En Aquitaine, la submersion concerne essentiellement les zones basses estuariennes (certains secteurs de l’Adour, de la Gironde, des courants landais…) et lagunaires (pourtour du Bassin d’Arcachon…) ainsi que certaines plages du Pays basque (Grande Plage de Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye…).

  Une plaquette d'information sur les risques côtiers en Aquitaine

 

5. Des mesures de protection

Les réflexions stratégiques sur l'aménagement du littoral sont anciennes. Déjà, en 1969, une délégation interministérielle (DATAR) travaillait sur un rapport intitulé "La France côtière". En 1975, fut créé le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres et en 1986, le parlement français a voté à l'unanimité la loi Littoral, un ensemble de mesures relatives à la protection et à l'aménagement du littoral.

Techniquement, deux grands type d'options peuvent être envisagées :

- organiser le repli des constructions existantes vers l'intérieur des terres, mais ceci ne peut être envisagé que pour des zones à faibles enjeux,

- maintenir le trait de côte actuel en réalisant des ouvrages de défense côtière de type digue ou "rechargement" des plages.

Organiser le "repli stratégique"

Une technique "douce" : la recharge

Des techniques "dures"

Comme le montre ce schéma, on distingue des solutions dites "douces" et d'autres "dures".

Il existe deux solutions dites douces :

  • Les rechargements de plage qui consistent à compenser l'érosion par un apport important de matériaux dont la granulométrie doit être au moins égale, voire supérieure à celle du sable présent sur la plage. Cette solution a le mérite de combiner les enjeux de risques et la gestion touristique, et d'apporter le meilleur respect du paysage initial.
  • Le drainage actif de la plage est une autre solution douce utilisée, elle est très récente. Elle consiste à poser des drains. Cette technique invisible respecte particulièrement bien le paysage cependant elle est très coûteuse en exploitation. Durant de grosses tempêtes, le drainage peut être emporté ce qui fait la limite de ces installations.

Les techniques dites "dures" sont des ouvrages de protection qui peuvent être de différents types :

Des murs et ouvrages de soutènement de différentes formes qui servent au maintien direct du trait de côte en luttant directement contre l'érosion des terres. Ils ont une orientation longitudinale, sur le trait de côte ou en arrière-côte avec une pente verticale à légèrement inclinée.

Mur en béton (Plouzanet - 29)

Image Google Earth - Mur de soutènement (Kerbézec - 29)

Des digues côtières qui sont des ouvrages longitudinaux, faisant obstacle à l'écoulement : ils sont "attachés" au rivage par au moins une extrémité et possèdent deux talus visibles (côté mer et côté terre) éventuellement renforcés. Leur fonction principale est d'éviter la submersion et permettent de protéger des enjeux tels que des routes.

Digue frontale (Beauvoir-sur-Mer - 85)

Image Google Earth - Digue côtière (Esnandes - 17)

Des perrés sont également des ouvrages longitudinaux inclinés, constitués d'un revêtement (maçonnerie, béton, enrochement) recouvrant un talus déjà stable. Ils assurent un maintien immédiat du trait de côte dès leur construction et protègent les terres de la submersion. Ils constituent, actuellement, la technique la plus couramment utilisée et ce sont donc des moyens de protection très répandus sur le littoral métropolitain. La production de gros blocs, leur transport et la mise en place sont totalement mécanisés donc leur coût est beaucoup plus faible. L'avantage de ces blocs est la présence de vides entre les blocs, qui réduisent un peu la réflexion de la houle.

Perré en enrochement (Barneville - 14)

Image Google Earth - Perré (Ste Maxime - 83)

Des brise-lames, orientés parallèlement au trait de côte mais non rattachés à celui-ci, sont conçus pour diminuer l'énergie de la houle incidente en créant un déferlement en amont du trait de côte. On peut citer aussi les épis qui sont des dispositifs placés sur l'estran, de façon perpendiculaire au trait de côte cette fois-ci. Ils jouent le rôle de barrières capables de piéger une partie des sédiments en transit.

Brise-lames en enrochement (Palavas-les-Flots - 34)

Image Google Earth - Brise-lames (Valras plage - 34)

Quelques chiffres-clés :
15.944 ouvrages et aménagements sont présents sur le littoral et représentent une longueur cumulée de 2.302 km. 1.764 km d'ouvrages et d'aménagements longitudinaux (hors brise-lames) sont construits sur le trait de côte (1.601 km en métropole et 163 km en outre-mer).

La moitié (55 %) du linéaire d'ouvrages et d'aménagements correspond à des structures fixatrices du trait de côte :

  • 476 km cumulés de digues (toutes en métropole)
  • 328 km cumulés de murs (dont 310 km en métropole et 18 km en outre-mer)
  • 468 km cumulés de perrés (dont 390 km en métropole et 78 km en outre-mer)

5.712 ouvrages et aménagements sont considérés comme des structures transversales susceptibles de modifier le transit sédimentaire le long du rivage, en particulier :

  • 2.091 épis (dont 2.028 en métropole et 63 en outre-mers) avec une longueur moyenne de 55 mètres.
  • 1.117 jetées (dont 1.019 en métropole et 98 en outre-mers) avec une longueur moyenne de 207 mètres.

Ces chiffres sont issus de l’analyse de la cartographie des ouvrages et aménagements littoraux visibles sur les photographies aériennes les plus récentes (2006-2015) disponibles au moment de l’étude. Ce recensement concerne la métropole et les 5 départements et régions d’outre-mer et ne tient pas compte des zones portuaires abritées par des jetées.

 

Ouvrages de protection

Un exemple d'activité pédagogique 

Bibliographie :

 

  • Éric PALVADEAU, Ywenn DE LA TORRE, « ÉROSION DU LITTORAL », EncyclopædiaUniversalis [en ligne], consulté le 11 novembre 2017. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/erosion-du-littoral/
  • Jean-Christophe VICTOR : Le dessous des cartes – Entre Terre et mers"  -  Cité des Sciences

  • Anne-Marie LEVRAUT - CarlosOLIVEROS : La politique publique française du littoral" – Revue Géosciences n°17 "Le Littoral" - BRGM

  • Le Monde "Le littoral français recule de manière accéléré"  (Martine VALOT - 12 janvier 2017))

  •  L'Express "Erosion des plages et du littoral : les hommes sont-ils responsables ?" (Août 2015)

  • Patricia BLANC : "Le littoral, un espace dynamique à protéger"  -  BRGM - Revue Géosciences n°17  "Le Littoral"

  • Jacques VARET : "Le littoral, un espace convoité et fragile" - BRGM - Revue Géosciences n°17  "Le Littoral"

  • Site Internet de "L'Observatoire Côte Aquitaine"  : Les risques côtiers

  • Site du BRGM : Production scientifique / Projets remarquables : "Littoral, des drones pour surveiller le trait de côtes"

  • BRGM - Revue "Enjeux des Géosciences"  : "Risques littoraux et changement climatique"

  • Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de la Mer : La Gestion des traits de côte – Collection Savoir-Faire – Editions Quae

  • Jean-Noël SALOMON : Géomorphologie sous- marine et littorale" – Jean-Noël SALOMON – Presses Universitaire de Bordeaux.

 

 

 

 

 
 
 
 

 

 
 

 

 
 
 
 
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