les quotas internes en N et P des algues vertes.
Pour l’azote on retiendra que 80 à 100 % de la croissance maximale est maintenue, au-dessus d’un quota critique (Q1) de 2 % de la matière sèche (M.S), et que la croissance s’annule en dessous d’un quota de subsistance de 0,9 % de la M.S. Pour le phosphore on retiendra 0,1 % de la M.S. (pour Q1.) et 0,05 % de la M.S pour Q0.
Un suivi expérimental de la croissance des algues a aussi été installé sur la plage du Moulin Blanc. L'objectif principal d’un tel suivi, déjà réalisé sur d’autres sites par le CEVA, est de pouvoir relier l'évolution saisonnière de la croissance des algues vertes avec celle de leur composition chimique.
L’évolution saisonnière des quotas azotés et phosphorés a été déterminée à l’embouchure du Stang Alar , du Costour et à la vasière du Kermeur.
Les concentrations internes des algues en azote sont élevées au début de la saison de prolifération (plus de 3% de la M.S.
Cependant, au lieu de s’effondrer en mai (comme cela est le cas pour des algues vertes en milieu non eutrophisé), les quotas internes ne vont décliner que très progressivement au cours de la saison, atteignant leur minimum annuel fin août début septembre (1,5 à 1% de la M.S.). Ainsi la croissance n’apparaît limitée par la disponibilité externe de l’azote qu’en toute fin de saison estivale, juste avant la période automnale de remontée des flux de sels nutritifs et baisse des conditions lumineuses. La biomasse printanière et estivale d’algues échantillonnées à l’embouchure de Stang Alar apparaît donc continuellement saturée à sub saturée du point de vue des besoins de sa croissance en sels nutritifs azotés. Ceci indique, sur le plan nutritionnel, un niveau d’eutrophisation localement déjà avancé,.).
Toujours au niveau de l’embouchure du Stang Alar, le profil général d’évolution saisonnière du contenu en phosphore des Ulves est stable tout au long de la saison estivale, avoisinant régulièrement 0.2 % de la M.S.
Une différence importante existe entre le phosphore et l’azote qui s’observe au niveau des trois sites étudiés. Elle réside dans le fait que les quotas phosphorés estivaux se maintiennent toujours nettement au-dessus des niveaux de quotas critique pour la croissance (0.1% de M.S.). Cette situation est à comparer à celle de l’ensemble des autres sites à marées vertes où, même quand la croissance est limitée par les flux estivaux d’azote, la disponibilité du phosphore reste toujours supérieure aux besoins des algues et ne peut à aucun moment jouer un rôle de facteur limitant pour la croissance des algues vertes.
L’ensemble des résultats indique que la croissance des algues reste importante tout au long de la saison estivale et ne manifeste pas de phénomène de limitation en relation avec la diminution progressive des quotas azotés des algues prélevées sur le terrain. (Fig. 1). Mais, dans le détail, il est difficile d’interpréter certains déficits temporaires de croissance, particulièrement en juin et à la mi juillet, par rapport à des quantités de lumière incidente qui semblent pourtant maximales pendant ces périodes
Les algues prélevées à partir de juillet en bas de plage, contre la digue,à l’embouchure du Costour montrent des concentrations en azote globalement inférieures à celles mesurées à l’embouchure du Stang Alar pendant la même période. Avec des quotas internes avoisinant régulièrement 1,5% de la M.S., la masse d’algue apparaît même nettement limitée dans sa croissance de juillet à septembre par la disponibilité de l’azote dans l’environnement.
Les concentrations internes en azote des Ulves prélevées dans ce site sont caractérisées par des valeurs très élevées, se situant presque continuellement entre 3 et 5% de la M.S, c’est à dire très au-dessus des quotas critiques pour la croissance, fixés à 2% de la M.S. Les conditions nutritionnelles azotées régnant à ce niveau de l’estuaire de l’Elorn (Vasière du kermeur) apparaissent donc très saturantes pour la croissance des Ulves.
Conclusions.
Les quotas azotés très hauts mesurés dans les Ulves de la vasière de Kermeur tout au long de la saison estivale, indiquent le potentiel élevé et soutenu de l’Elorn en temps que pourvoyeur de sels nutritifs. Les prélèvements de la plage du Moulin Blanc indiquent que cette influence de l’Elorn a diminué dans ce secteur, mais dans des proportions plus importantes côté Costour que côté Stang Alar, ce qui semble placer l’exutoire de ce dernier comme point de réalimentation des algues vertes dans le secteur, capable de maintenir la plupart du temps la disponibilité de sels nutritifs à un niveau de saturation pour la croissance des algues (saturation confirmée par des taux de croissance en sac restant soutenus en période estivale). Ainsi, par rapport à d’autres sites bretons moins saturés, c’est à dire où l’azote joue encore un rôle de facteur limitant, le site du Moulin Blanc présente à priori une résistance potentielle élevée à des mesures préventives sur les bassins versants générateurs des flux d’azote qui sont à l’origine de l’accumulation d’algues dans ce site. Reste cependant à déterminer la responsabilité respective des rivières Stang Alar et Costour, débouchant directement sur le site, de la rivière Elorn (dont les flux d’azote sont 40 fois supérieurs).