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L'impact de la crépidule sur la qualité des eaux de la rade

Mise à jour le 25/03/2008
Par Marie-Pierre laforge
La crépidule constitue un filtre biologique qui limite les blooms de phytoplancton toxique

Les diatomées et les dinoflagellés font partie des microalgues qui composent le phytoplancton  (plancton végétal). Les activités humaines sur les bassins versants de l'Aulne et de l'Elorn (essentiellement les activités agricoles)  sont à l'origine d'apports d'azote en rade de Brest qui peuvent avoir des effets sur la composition du phytoplancton.


Les blooms estivaux de micro-algues toxiques sont liés à un rapport silice/azote trop faible  (trop d'azote, pas assez de silice), qui favorise la multiplication de certaines espèces de dinoflagellés. En rade de Brest, ces blooms concernent principalement une variété de dinophysis et une variété de gymnodinium. L'ingestion de coquillages contaminés par le dinophysis peut provoquer une intoxication diarrhéique chez l'homme, et son apparition conduit à des fermetures temporaires de la commercialisation et de la pêche des coquillages. Le gymnodinium nagasakiense (eaux colorées brunes) n'a jamais été identifié comme responsable d'intoxication chez l'homme, mais il a des impacts sur diverses espèces, dont les coquilles St-Jacques : mortalité post larvaire, arrêt de la croissance pour les individus au stade adulte.

La crépidule, qui s'est développée dans certains secteurs de la rade (cf photo), se nourrit de diatomées (micro-algues siliceuses) au printemps. La silice contenue dans le squelette de ces diatomées est alors piégée dans le sédiment, avant d'être relarguée progressivement en été, permettant le développement de nouvelles diatomées. Ce relargage se traduit par une élévation du rapport Si/N qui limite l'apparition des dinoflagellés toxiques.

Crépidules


L'élimination de la crépidule aurait donc vraisemblablement pour conséquence de favoriser l'apparition des blooms de gymnodinium et de dinophysis.

Cette hypothèse est corroborée par le fait que, les années où les crépidules disposent en abondance d'une autre nourriture que les diatomées au printemps, on observe des blooms toxiques durant l'été qui suit : au lieu d'être stockée dans le sédiment par filtration et biodéposition, la silice contenue dans le squelette des diatomées est évacuée hors de la rade par les courants marins et, faute de relargage de silice, on trouve en été des conditions propices aux blooms.