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La Grande Barrière de corail menacée par les exportations de charbon de l'Australie

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Selon un nouveau rapport commandé par le WWF, l'industrialisation sauvage le long de la Grande Barrière de corail pourrait gravement endommager cet écosystème, qui compte parmi les plus importants de notre planète. Les déchets générés par le développement portuaire dans le périmètre du récif, site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, auront des "effets dévastateurs".

La Grande Barrière de corail australienne, apparue lors de la dernière déglaciation (il y a environ 10 000 ans), s'étend sur plus de 2 000 km et couvre 348 000 km², un édifice naturel, fabriqué par des être vivants et visible depuis l'espace ! Il s'agit du plus grand système de récifs coralliens du monde avec quelque 400 espèces de coraux fréquentés par plus de 1500 espèces de poissons, des petits gobies aux requins-baleines et plus de 5000 espèces de mollusques. C'est aussi l'habitat d'espèces menacées d'extinction, comme le dugong et la grande tortue verte.

"La Grande Barrière de corail est un des habitats naturels océaniques les plus riches : il abrite de nombreuses espèces protégées, et représente un atout économique pour l'Australie et un trésor naturel pour le monde entier. Faire du récif un dépotoir n'a aucun sens, non seulement du point de vue environnemental, mais aussi du point de vue économique puisqu'il s'agit ici de construire des ports inutiles." a déclaré le Directeur général du WWF International, Marco Lambertini.

Les exportations de charbon menacent directement la Grande Barrière de corail

Or, les activités portuaires dans et à proximité de la Grande Barrière de corail sont en hausse et les projets ne manquent pas : Great Barrier Reef Outlook Report, le rapport commandé par le WWF, indique que la croissance portuaire exige le dragage d'environ 51 millions de mètres cube de fond océanique, soit assez de sable pour remplir 49 fois l'Empire State Building, la deuxième tour la plus haute de New-York (448 m).
Une grande partie pourrait finir dans les eaux protégées de la Grande Barrière de corail - inscrite au patrimoine de l'humanité - où elle risque de former des bancs de sédiments qui pourront dériver sur près de 80 km et causer de lourds dégâts. Le dragage ainsi que les boues qu'il génère peuvent étouffer les coraux et compromettre la survie d'espèces menacées comme les tortues marines.

En effet, l'Australie souhaite doubler la capacité d'exportation de charbon de l'Etat du Queensland, alors même que les ports existants sont inutilisés près d'un tiers du temps, comme l'a confirmé le cabinet de conseil Dalberg Global Development Advisors. Les projets actuels tablent sur une capacité d'exportation qui devrait atteindre les 637 millions de tonnes annuelles de charbon pour le Queensland, tandis que les prévisions à court terme envisagent, elles, des quantités moindres pour la totalité de l'Australie.

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Malheureusement, les effets directs et les flux liés aux activités portuaires se produisent généralement dans des zones qui sont déjà sous pression : les conséquences des activités portuaires sont déjà importantes indique le rapport sur l'état sur la Grande barrière de corail.

Afin d'empêcher que de nouvelles pressions inacceptables s'exercent sur cet écosystème déjà très vulnérable, le WWF demande au gouvernement australien d'interdire tout dépôt de boues de dragage sur le site de la Grande Barrière de corail.

Selon le rapport du WWF, la structure même de l'industrie mondiale du charbon semble être sur le déclin. En fait, la consommation de charbon continue d'augmenter dans le monde mais de manière moins soutenue et plus hétérogène au niveau géographique. Dans tous les cas, les énergies renouvelables connaissent un dynamisme inégalé.

"Face à ce constat, il est peu probable que l'on ait besoin de la totalité des ports charbonniers qu'on envisage de construire. Le récif, lui, aura par contre subi de lourds dégâts. Afin de protéger le récif et les 69 000 emplois qu'il génère, le gouvernement australien doit légiférer et interdire le dépôt des boues de dragage sur la totalité du site de la Grande Barrière de corail, classé au patrimoine mondial" explique Dermot O'Gorman, le directeur du WWF Australie. "Il faudra également limiter le dragage au maximum et faire des efforts plus importants pour améliorer la qualité de l'eau." ajoute-t-il.

Le gouvernement australien et l'Etat du Queensland ont pourtant mis en place plusieurs plans de gestion et stratégies visant à prendre en compte les risques et à améliorer la résilience de la Grande Barrière de corail, comme le Reef Water Quality Protection Plan 2013, le 2014 Queensland Ports Strategy, le draft North–East Shipping Management Plan ainsi qu'un plan en préparation de viabilité à plus long terme (jusqu'à 2050). Toutefois, selon une évaluation indépendante, l'efficacité de ces plans reste insufissante et ne permettent pas de répondre aux multiples impacts qui font littéralement mourir la Grande Barrière de corail.

Selon le rapport, l'impact environnemental des ports charbonniers dans la zone du récif a poussé nombre de banques importantes à se retirer de leur financement. Le WWF appelle les entreprises à ne pas investir ni à participer à des projets susceptibles de menacer la Grande Barrière de corail ou tout autre site classé au patrimoine mondial.

La grande barrière de Corail : un atout social et économique majeur

Comme l'indique le rapport, "la Grande barrière de corail reste une ressource économique importante pour les communautés régionales et australiennes". En effet, le tourisme et la pêche sont étroitement dépendants d'un écosystème "intact, sain et résilient".

"Comme nous l'avons constaté avec la Grande Barrière de corail, les habitats naturels océaniques en bonne santé peuvent être les moteurs d'une croissance économique raisonnée qui génère des emplois et apporte plus de bien-être," a déclaré Marco Lambertini. "La gestion responsable des océans est essentielle au maintien du rôle crucial que les écosystèmes marins jouent en matière d'alimentation et d'emploi pour des millions de personnes, et devrait tenir une place de choix dans tout projet de développement durable."

Rappelons qu'en seulement 27 ans, la Grande Barrière de corail a déjà perdu la moitié de ses coraux vivants, indiquait l'Australian Institute of Marine Science (AIMS) fin 2012.


Great Barrier Reef Marine Park Authority 2014, Great Barrier Reef Outlook Report 2014, GBRMPA, Townsville.

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Questions / réactions (7)


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MofistoIl y a 10 ans
Je pense comme beaucoup de destruction d'espace vitales et de dégradation de notre planète , que les profits de certains nuisent au bien de tous.
Quand va t on enfin être responsable, pour le bien des générations à venir.
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Janeiro216Il y a 10 ans
A quand les bonnes nouvelles! Remontez nous le moral ! Tout n'est pas catastrophique !
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Camille. dntIl y a 10 ans
C'est t'une honte on n'ai maintenant en2015 on n'a inventer des objet comme des tablette et des maison entièrement télécommandée et on n'ai pas foutue d'arranger des chose comme sa il y faut que certaine personne se réveille
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David St maloIl y a 10 ans
C est triste , on entrain de détruire tout, je suis en colère , on casse tous pour quoi, le profit, la thune , et après quand il aura plus rien, l argent sa se mange pas , et cette barrière de corail est ci belle , on entrain de tous casser pour du charbon , pensé ce qui dirons nos enfant .on laissera une planète qui restera plus rien . A par contre se qui se sont fait du fric sur le dos de la planète cela il vont être penard, il faut les pousuivre , mais je rêve.
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Christian 75Il y a 10 ans
Encore une étape supplémentaire vers la destruction de cette planète et la 6e extinction massive de sa bio-diversité !!!! On va y arriver !!!!
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