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Le bilan du séisme de magnitude 6,2 qui s’est produit dans le centre de l’Italie dans la nuit du 24 au 25 août s'élève à au moins 290 morts et nombre de disparus et pourrait s'alourdir encore. En 2009, un séisme de L’Aquila, dans les Abruzzes, avait fait 308 victimes. La chaîne montagneuse des Appenins, qui traverse les deux régions, est on le sait, le siège de nombreux tremblements de terre de ce type.
Dans une interview publiée par le journal Le Monde, le sismologue Pascal Bernard en a expliqué la raison : l’étirement des Appenins, dû à l’affrontement des plaques africaine et eurasienne, que relaie la mosaïque de microplaques tectoniques qui tapissent le fond de la Méditerranée. Pour s'accommoder à cette élongation, la chaîne de montagnes, qui parcourt le centre de la botte italienne sur 1000 kilomètres, s’est fracturée le long de grandes failles, dont les bords sous tension glissent parfois brusquement l’un sur l’autre. Cela vient de se produire une fois de plus, à 4 kilomètres de profondeur sous un épicentre situé à quelque 10 kilomètres de la ville de Norcia, en Ombrie (à environ 140 kilomètres de Rome).
Les dégâts les plus importants ont été constatés dans les villages de Pescara del Tronto, ainsi qu'à Amatrice et Accumoli. Mais on peut penser que si toutes les constructions de la région avaient respecté les normes sismiques, ce séisme de magnitude de 6,2 n’aurait pas dû faire autant de victimes. À titre de comparaison, les mégaséismes de magnitude 8 ou 9 qui se produisent régulièrement au Japon et au Chili libèrent de 1000 à 30 000 fois plus d’énergie…
De quoi expliquer le ressentiment de la population à l’égard des sismologues qui s'est manifesté après le séisme de L’Aquila ? les sept scientifiques qui étaient alors membres de la « commission italienne des grands risques » avaient été condamnés à six ans de prison pour « homicide par imprudence », avant qu’une levée de bouclier de la communauté scientifique ne conduise à leur acquittement en appel en 2014. Dans un point de vue publié dans Pour la Science, Pascal Bernard avait fait le point sur la question de la prédiction des séismes, discutant notamment le cas de L’Aquila. Ce séisme, expliquait-il, avait été précédé de phénomènes anormaux, comme des émissions de radon et une série de microséismes. Toutefois, « il était impossible, en l'absence de modèles et de mesures précises, de dire si ces signes anormaux annonçaient ou non un séisme destructeur, avec quelle probabilité et quelle échéance», soulignait-il.
Dans le cas du séisme qui vient de frapper l'Ombrie, en revanche, aucun signe avant coureur ne peut permettre de penser qu'il aurait pu être prédit… En attendant d’éventuels progrès de la prédiction sismologique, le mieux pour les gouvernements est donc de surveiller de près la mise en application des normes sismologiques.
