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Sept ans après le séisme de L’Aquila, pourquoi l’Italie tremble-t-elle encore ?

Le séisme qui a frappé la Botte mercredi a été provoqué par « l’étirement » de la chaîne de montagnes des Apennins, explique le sismologue Pascal Bernard.

Propos recueillis par 

Publié le 24 août 2016 à 14h17, modifié le 25 août 2016 à 16h03

Temps de Lecture 2 min.

Un séisme de magnitude 6,2 a frappé mercredi 24 août le centre de l’Italie, faisant au moins 241 morts et détruisant de nombreux bâtiments où des personnes sont encore prises au piège. Pascal Bernard, sismologue à l’Institut de physique du globe de Paris, explique les causes de cette secousse ayant frappé la Botte, après le séisme meurtrier (plus de 300 morts) de 2009 à L’Aquila.

Qu’est-ce qui explique que la terre a une nouvelle fois tremblé en Italie, sept ans après L’Aquila ?

Pascal Bernard : Il s’agit d’un séisme typique de la région. Toute la chaîne de montagnes des Apennins, qui parcourt sur mille kilomètres l’Italie du Nord au Sud, est en train de s’étirer. Les Apennins se fracturent sur de grandes failles qui permettent cet étalement. La plupart du temps, ces failles résistent, mais, parfois, des morceaux se cassent. Ce séisme de magnitude 6,2 correspond à la fracture d’un morceau d’une vingtaine de kilomètres de long. Les vibrations d’une telle cassure de faille sont très fortes, ce qui explique que le séisme ait été ressenti jusqu’à 140 kilomètres de l’épicentre, à Rome. Ce sont les mêmes causes qui avaient provoqué le séisme très meurtrier de 2009 à L’Aquila. A cette époque, la faille et l’épicentre étaient situés tout près de la ville, contrairement au tremblement de terre actuel, survenu à 10 kilomètres de Nursie, en Ombrie.

Quelle est la fréquence de tels tremblements ?

L’Italie est une terre régulièrement touchée par des secousses, car son territoire se retrouve coincé entre les plaques tectoniques d’Eurasie et d’Afrique, qui convergent. Et, au milieu, une mosaïque de microplaques s’affrontent. Les Apennins, formés au lieu précis de convergence de deux microplaques, résultent de cette compression. Mais le séisme d’aujourd’hui, comme celui de L’Aquila en 2009, provient, on l’a vu, d’un mouvement inverse : la chaîne s’étend. L’Italie s’élargit, en quelque sorte, de 1 millimètre par an.

Tous les dix ans environ, le pays connaît ainsi des séismes de magnitude 6 à 6,5. Les secousses de magnitude 7 sont beaucoup plus rares, il s’en produit environ tous les cinquante ans. Le dernier tremblement de terre de magnitude 6,9 a eu lieu en Irpinia, à l’est de Naples, en 1980. C’est le dernier aussi à avoir fait plusieurs milliers de morts : près de 3 000.

Des sauveteurs cherchent dans les décombres d’Arquata del Tronto, après le seisme d’une magnitude de 6,2 qui a frappé le centre de l’Italie mercredi 24 septembre.

L’Italie est-elle bien préparée pour faire face à ces secousses ?

La population est préparée, mais de là à ce que tous les nouveaux bâtiments soient construits correctement pour résister, c’est moins évident. Il y a toujours des malfaçons. Pourtant, un bâtiment construit selon les normes parasismiques actuelles n’a aucune raison de souffrir d’un séisme de magnitude 6 à 6,5. Et le surcoût de tels bâtiments n’est pas énorme.

Est-il possible de prévoir un séisme ?

Il n’y a eu aucun signe avant-coureur de ce séisme, contrairement à celui de L’Aquila, qui avait été précédé de beaucoup de petites secousses. Cela étant, on ne sait toujours pas prédire de façon précise et fiable un séisme. Les sismologues ne peuvent fournir que des probabilités, en s’appuyant sur l’observation de phénomènes naturels inhabituels, comme des petites secousses, une perturbation des eaux souterraines ou encore, beaucoup plus rare, une déformation du sol. Mais cela reste très incertain. A partir de ces indices que nous donne la nature, on essaie d’évaluer la probabilité de voir un grand séisme dans le mois qui suit.

Lire aussi : Aquila : « Les sismologues peuvent seulement fournir des probabilités »

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