Quels sont les principaux polluants et leurs sources ?
Olivier Chanel : Nous vivons dans un cocktail de multiples polluants : oxydes d’azote, particules fines, ozone, ammoniac, oxydes de soufre… Les sources de pollution varient selon le composé et la zone géographique. Les oxydes d’azote sont principalement émis par les transports, l’ammoniac par l’agriculture, les oxydes de soufre par l’industrie. Quant aux particules, les principales sources sont les transports en zone urbaine, mais l’industrie et le chauffage individuel sur le reste du territoire.
Quels est l'effet de ces polluants ?
O. C. : Principalement des effets sanitaires : la pollution de l’air augmente par exemple le risque de cancer du poumon, d’accident cardiovasculaire et de crise d’asthmes. Cela réduit l’espérance de vie de quelques mois en moyenne en France. Avec de grandes disparités : chacun est plus ou moins sensible et les citadins sont particulièrement exposés. À Marseille, la plus touchée des grandes villes, la baisse de l’espérance de vie atteint 7,5 mois par habitant en moyenne.
Il existe également des effets non sanitaires. Les polluants, parfois toxiques pour les plantes, entraînent une baisse des rendements agricoles et forestiers, et dégradent les bâtiments.
Comment quantifie-t-on les effets sanitaires ?
O. C. : On mesure à la fois les émissions polluantes à un endroit particulier et certains indicateurs de santé, tels que le nombre de cas de cancer du poumon chez les personnes habitant ou travaillant à proximité de cet endroit. Des traitements statistiques permettent ensuite d’éliminer les autres causes potentielles et d’attribuer les troubles aux polluants.
Reste ensuite à évaluer leur coût. Pour les maladies, l’une des méthodes consiste à compter le nombre de jours d’arrêts de travail ou d’hospitalisation, et à multiplier par les salaires et les frais de santé. Pour les décès prématurés, c’est plus compliqué. Depuis une trentaine d’années, on utilise des méthodes dites de préférences déclarées, où l’on demande aux gens combien ils seraient prêts à payer pour réduire leur probabilité de mourir. On estime ainsi la valeur d’une année de vie perdue entre 30 000 et 80 000 euros.
Comment les coûts se répartissent-ils ?
O. C. : Environ 80 % du coût de la pollution atmosphérique est lié à la surmortalité. L’augmentation des pathologies représente 5 à 10 %, de même que les effets non sanitaires. Au total, on obtient plusieurs dizaines de milliards d’euros pour l’impact sanitaire et quelques milliards pour les autres effets.
Le rapport du Sénat propose-t-il des solutions ?
O. C. : Oui, il préconise toute une série de mesures. La plupart visent à diffuser les bonnes pratiques (nettoyage des équipements, cycles de combustion optimisés, etc.) ou à favoriser la recherche et l’innovation. L’instauration d’une fiscalité écologique est aussi conseillée, par exemple pour développer les véhicules électriques.
Un levier important, et insuffisamment traité dans le rapport à mon sens (une seule mesure), serait de réduire les transports individuels. Plusieurs pistes existent, telles qu’un meilleur maillage du territoire par les transports publics. Si l’on diminue le nombre de véhicules, on fait baisser non seulement la pollution, mais aussi les nuisances associées, tels le bruit ou les émissions de gaz à effet de serre.
