TÉMOIGNAGE. L’autre victime du terrible tremblement de terre qui a frappé le Népal samedi, tuant plus de 3700 personnes, et faisant des milliers de blessés, est son patrimoine architectural. Aux dernières nouvelles, quatre des sept sites classés sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco auraient été gravement endommagés (voir liste ci-dessous). En particulier, les centres des capitales des anciens royaumes, Katmandou, Bhaktapur et Patan et leurs temples et sanctuaires du 12e au 18e siècle construits en bois et briques.
La tour Bhimsen n'est plus qu'un amas de ruine
À Katmandou, la capitale, les parties les plus anciennes de la ville, sont réduites à l’état de gravats. "A Patan, le Sundari Chowk, qui venait d’être restauré a survécu, comme le Khrishna Mandir. Par contre, toutes les petites pagodes ont été détruites. A Boudhanath, le stupa principal est toujours debout, mais de larges fissures sont visibles. A Swayambhunat, le temple Shikar érigé par le roi Pratap Malla est sévèrement détérioré (il venait de faire l’objet de restauration après avoir été touché par la foudre), mais le stupa principal n’a rien. Celui de Bhaktapur, -déjà détérioré par le séisme de 1930-, a de nouveau été très endommagé", nous a confié Robin Coningham, l’archéologue de l’université de Durham (Angleterre) responsable des fouilles du sanctuaire de Lumbini (Népal) où Bouddha est supposé être né il y a plus de 2600 ans (lire Sciences et Avenir n° 803 janvier 2014).
Classé sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, ce sanctuaire situé à 280 kilomètres de Katmandou aurait été épargné ainsi que le temple de Maya Devi d’après le spécialiste qui a pu joindre ses collègues sur place. "Dans la capitale, Katmandou, la tour Bhimsen bâtie en 1832, et à laquelle on pouvait accéder en empruntant un escalier en colimaçon, a eu beaucoup moins de chance. Elle n’est plus qu’un amas de ruines", poursuit le chercheur britannique. Il faudra des décennies pour consolider et reconstruire ces bâtiments. "Il est en effet important de comprendre que pour les Népalais, ces monuments ne sont pas des musées ou juste de beaux édifices. Pour la plupart des habitants de ce petit pays très pauvre de l’Himalaya, fermé aux étrangers jusqu’en 1951, ce sont des lieux où ils communient directement avec les dieux. Ce qui vient de se produire au Népal n’est pas seulement qu’une catastrophe déchirante. C’est aussi un séisme culturel".
Liste des sites du Népal classés sur la liste UNESCO du patrimoine mondial :